L'Affaire Doreos

Le bouleute THEOS avance sur un podium et commence à haranguer les personnes qui passent devant lui. Au bout de quelques minutes, il se retrouve devant une cinquantaine d'Athénien et d'Athénienne, sans compter ceux qui sont éloignés mais qui peuvent l'entendre.
Du haut de son mètre et 69 centimètre, il n'en mène pas large mais c'est un excellent orateur. De plus, beaucoup disent de lui qu'il est un ardent défenseur d'Athènes et de ses valeurs.
Le visage imberbe et les muscles subtilement développés, il est un personnage de la cité depuis sa rencontre avec le défunt Théophaste, un ami fidèle de plus de 10 ans. Aujourd'hui à 35 ans, THEOS compte bien prendre le relais.

Citoyens, Amoureux de la liberté, Epris de votre tendre cité qui vous donna le sein pendant près de 16 années avant de vous mettre à l'épreuve par l'éphébie !
Mes amis, vous êtes certainement au parfum, si j'ose dire, des histoires douteuses du dénommé Doreos, cet intrigant, ce mystérieux personnage ! Cet imposteur s'est arrogé les pouvoirs d'un ROI à Spherros! Il a ravi la victoire aux Athéniens en tentant de se faire accepter lui, au détriment de ses fidèles soldats qui ont donné leur vie pour Spherros !
Maintenant, à cause de lui, Spherros est une nouvelle fois hors de notre portée pour un certain temps ! A cause de lui, le blé que nous envisagions d'emprunter à Spherros ne nous aidera pas à surmonter la crise alimentaire qui risque de s'abattre sur nous ! Athéniens, Athénienne, allons nous une nouvelle fois, comme nous l'avons fait pour le traître Thémistocle, pardonner ?
Non, bien sûr que non ! Nous allons le juger et le contraindre à subir la peine que l'héliée ou l'aréopage décidera !

Citoyens, soutenez Athènes, soutenez la démocratie ! Réduisons à jamais ces traîtes qui profitent trop souvent des faiblesses de notre jeune démocratie !

THEOS attend la réaction de la foule rassemblée, qui a grossi au fur et à mesure de ses propos.

Pirus s'approche et écoute ce discours de plus en plus violent et véhément sur le stratège Doréos. Il voit en lui un parfait orateur capable de dominer et manipuler une foule. Emporté par l'enthousiasme du discours

OUI! Tu as raison Théos! Doréos ne survivra pas! Doréos est un traitre à Athènes qu'il soit maudit!

Délios s'avance à son tour

Citoyens, citoyens !

Je suis Délios, prêtre de Zeus et héliaste pour cette année. Vous commencez à me connaître et à savoir que je mets et mettrais toujours un point d'honneur à faire éclater la justice au grand jour.
Le stratège Doréos et les affaires qui le concernent relèvent de la Justice à présent. L'Héliée a pris en main le dossier et sera en mesure de publier ses conclusions bientôt. En attendant, je vous demande à tous de ne pas violer nos lois et de ne pas attenter à l'intégrité physique du stratège ou de qui que ce soit ayant un rapport avec tout ça. La justice suit son cours, je ne voudrais pas avoir à vous poursuivre pour des gestes malheureux.

Citoyens, je ne peux pas vous révêler pour le moment les détails de tout cela mais sachez que je ne laisserais rien passer qui puissent aboutir à une injustice. Qu'importe les dangers et les menaces, j'ai toujours été au bout des choses et je ne m'arrêterais pas en si bon chemin. Avec l'Héliaste Alcibiade nous allons faire le point sur notre enquête et Doréos sera bientôt fixé sur son avenir mais je vous rappelle tous à l'ordre. N'allez pas faire échouer cette affaire et ayez confiance en nous, Doréos aura ce qu'il mérite.

Vive Délios! Délios! Délios!Commence à scander Pirus

Zoroastre , adossé à un pilier non loin de la, crache à Terre.

Pff! Evidemment, il faut un bouc émissaire...

Aldarion non-loin de Zoroastre

-"Qu'en penses-tu??"

Bah, crois-m'en, il ne serait guère sage de ma part de donner mon opinion là dessus pour l'instant. J'en aurais bien l'occasion...

Aldarion éclata de rire

-"Je n'en doutes pas te connaissant..."

Effectivement, il faut bien donner des victimes expiatoires au bas peuple, pour qu'ils déversent leur haine du quotidien... il feraient mieux de s'en prendre aux politiques responsables de la situation catastrophe de cette année!

S'adressant à la foule, d'un ton exalté:

N'y-a-t-il donc personne qui se rend compte ici des manipulations politiciennes de certains dans cette cité? Sous prétexte d'erreurs d'un citoyen, ils l'accablent de tous les péchés, ils l'accusent de tous les maux dont souffre la cité... et vous y croyez?!
La démocratie est en danger à Athènes, les complots de pouvoir ont remplacé le sacrifice de chacun pour la patrie, les ambitions personnelles ont eu raison des actions de la cité... Oui, je l'affirme ici, une profonde injustice a lieu en cette cité; Doreos, homme courageux qui n'a jamais hésité à donner de sa personne pour les intérêts d'Athènes, s'est proclamé roi de Spherros; ainsi, par cette habile manoeuvre, il a rétabli le calme dans cette colonie agitée. Quand les magistrats athénien l'ont appelé, pensant qu'il trahissait sa patrie et ne reviendrait jamais à Athènes que mort, il est venu, conformément à son statut de citoyen et persuadé de son bon droit.
Et là, pleins de traîtrise, ces hommes perfides l'ont aussitôt destitué de toutes ses charges, et l'ont emprisonné derechef... Il est privé de ses droits les plus élémentaires de citoyens, et ces mêmes gens importants le considèrent de facto comme coupable, sans même l'avoir jugé. Par contre, ils ne se gènent pas pour livrer son nom à la vindicte populaire, et salissent sa réputation et celle de sa famille...
C'est ainsi que je vous demande, peuple athénien, de réfléchir aux agissements de certains ici, qui, plus sûrement que Marathon ou Sparte, constituent le véritable ennemi d'Athènes, l'ennemi intérieur...

Pâris, à peine essouflé par sa diatribe enflammée, descend et attend les réactions des autres citoyens. Il a essayé de les faire réagir...

Zoroastre secoue la tête au discours de Paris; il saute agilement sur le podium et s'adresse à la foule.

Athéniens!
Notre cité vient de réchapper d'une guerre sanglante, qui a laissé des profondes traces, aussi bien chez nous que chez nos ennemis, qui a bouleversé l'ordre de l'attique tout entier, et donc le spectre, sous les noms de famine et de ruine, étend encore sur nous son masque de souffrances.
Notre cité vient de réchapper à une guerre intestine, presque une révolte, de la part des innombrables bandits qui peuplent la fange d'Athènes et pourrissent ce sol bénis des Dieux; le courage de vos dirigeants, le courage du Prêtre de Zeus Délios, mais surtout, votre courage, a permit d'arrêter de justesse Irtamene, celui qui dirigeait la masse des criminels et des coupes jarrets, honte de notre glorieuse cité!
Notre cité s'échappe à grand peine des haines à l'Ecclesia, où les orateurs se querellent sans construire le débat; elle souffre des multiples pertes qu'elle a subi ces derniers temps : Hippocrate est mort, Maniakos est mort, Périclès est mort!
Mais quoi? Allons nous laisser le malheur détruire l'avenir de notre jeune Histoire? Allons nous laisser les horreurs vécues entacher les joies encore à vivre?
Nous sommes victorieux, cité la plus puissante de l'attique; nous sommes craints de nos ennmis, respectés de nos alliés, nos stratèges remportent succès sur succès!
Nous sommes fatigués, presque ruinés; mais là encore, la main secourable des Dieux nous a offert plusieurs opportunités de nous renflouer!
Nous sommes défigurés par la trace sanglante des morts récents; mais des enfants naissent aussi! Il y a peu, Alcibiade et Aspasia se sont épousés; on peut maintenant voir jusque dans les traits d'Aspasia l'espoir d'un renouveau!
C'est pour ca, Athénien, que je vous conjure de ne pas vous déchirer en vaine querelle. Ne vous laissez pas entraîner par ces orateurs qui vous exciteront à la haine et à la fureur; ne vous laissez pas accabler par le poids des malheurs; regardez le jour qui point à l'horizon, et vous sentirez votre fardeau devenir moins lourd à porter.
Vivez! Vous avez entre vos mains la plus grande des richesses. Agissez! Vous avez entre vos mains le plus grand des destins. Aimez! Vous avez devant vos yeux la plus grande des histoires.

/gregos est present au bord du podium et parle avec ses voisins assez fort pour que tous l'entendent/
Enfin des paroles d'apaisement, voila un homme sensé .Doreos bien qu'arrogant ne merite pas pareille curée....

Le peuple fronce les sourcils. Chacun se retourne vers son voisin, l'air sévère et étonné.

- Doreos le traître !
- Que les héliastes fassent leur travail ! Jugez le ! Jugez cet ambitieux !

Une autre partie de la foule semble, elle, plus résignée

- Bah, quel mal avons nous à le laisser partir ?
- Oui, Spherros serait à moitié notre de toute manière.

Zoroastre serre les dents et les poings, puis s'écrie:

Voulez vous donc tellement voir Athènes se perdre et se déchirer???? Cessez de professez la haine envers vos propres concitoyens! Doreos a outrepassé les ordres qui lui ont été donnés; qu'auriez vous fait à sa place? Il a servi longtemps Athènes, et pensait la servir et l'aider de même en prenant la direction de Spherros.
Je ne l'excuse pas! Je le blâme pour sa conduite, mais je ne le blâme pas autant que je vous blâme! C'est dans les rues d'Atènes que sommeille sa perdition! C'est dans les huées que vous faites, dans les insultes que vous lancez que se trouve le grain de sable qui va enrayer la machine toute entière!
Nous sommes sur le fil du rasoir, et votre comportement va nous faire basculer!
ATHENIENS! Plus que jamais, vous devez etre unis!!! Plus que jamais, vous devez faire votre devoir!! Et plus que jamais, vous devez penser à l'intérêt de la cité!!! Regardez autour de vous; Doreos a-t-il mis Athènes en flamme? Empeche t-il vos enfants de s'ébattre, vos vieillards de penser, vos femmes de vous aimer?? Pourquoi, alors, décider ainsi de sa mort comme s'il était celui qui perdra Athènes? Il n'etait qu'un Homme, pressé par l'horreur de la guerre et par le poids des responsabilités; il s'est trompé, soit. Il a représenté un danger, soit. Mais rien de catastrophique n'est arrivé.
Pourquoi, alors, Athéniens, déchirer ce fil qui devrait tous vous unir, vous, citoyens ou habitants, ce fil que nous tous oeuvrons à consolider, ce fil tissés non seulement par les Dieux, mais aussi par les travaux de tant d'homes respectables, ce lien que nous appelons la démocratie? Peuple! Tu as le pouvoir; tu ne l'as pas pour en abuser. Les Dieux ont confié au Peuple le pouvoir dans l'unique but de servir le Peuple! Cessez vos querelles, car il est maintenant temps de reconstruire sur ce qui a été détruit.
Des hommes on versé des larmes pour votre bonheur. Mais même quand la politique, et la volonté de faire votre bien, leur ont ravi leur temps et parfois même des êtres aimés, jamais ils ne vous ont maudits!!! Des hommes ont versé leur sang pour votre bonheur. Mais même au plus fort de la bataille, alors que leur visage se crispait de douleur sous les blessures et les cris de leurs camarades, JAMAIS ILS NE VOUS ONT MAUDITS!!! Voulez vous alors décider de la mort de l'un d'eux??
Athéniens! Cessez de contempller le bout de vos chaussures! Fermez les yeux s'il le faut mais agissez. Vous êtes peu, mais la volonté crée des forces innombrables. Athéniens, je vous en conjure, cessez de hurler à la haine; elle n'amménera rien de bon. Athéniens, je vous en conjure, faites de cette cité, diamant brut, un diamant parfait aux facettes bien polies. Athéniens, je vous en conjure, faites de vos mains et de vos âmes les outils d'un nouveau monde.